Bikeway proposal rue Saint-Jean

(Québec) L'organisme Accès Transports Viables (ATV) suggère de retirer une voie de circulation aux automobilistes sur une bonne partie de la rue Saint-Jean pour mieux la redonner aux cyclistes. Une proposition formelle a été soumise au comité de suivi du vélo boulevard, qui l'étudie.

Ce n'est pas la première fois qu'ATV plaide pour que la voie cyclable partagée, qui reliera l'Université Laval au Vieux-Québec, desserve le quartier Saint-Jean-Baptiste en passant par la populaire rue Saint-Jean. Le discours a été entendu lors de l'élaboration du projet, en 2010 et 2011. Mais la Ville de Québec a plutôt privilégié les rues Richelieu et Saint-Olivier (une pour chaque direction) à l'extrémité est du parcours.

Les aménagements, somme toute mineurs, sont planifiés pour l'an prochain. On parle essentiellement de marquage de la chaussée, d'ajout de signalisation et d'indication d'itinéraire. Rien à voir avec les travaux d'envergure réalisés sur les rues De Callières et Père-Marquette, qui constituent l'épine dorsale du corridor cyclable.

Accès Transports Viables avait donc le temps de revenir à la charge. L'organisme de promotion des transports collectifs et actifs fait valoir que la rue Saint-Jean offre un lien plus direct entre le quartier Montcalm et le Vieux-Québec, minimise les détours et permet «d'éviter les principaux dénivelés du quartier, notamment l'avenue Turnbull». Un achalandage accru des commerces locaux est également prévu.

Une voie en moins

Pour insérer deux voies cyclables (une pour chaque direction) sur cette chaussée déjà pleinement utilisée, il faudrait toutefois retrancher une voie de circulation automobile entre l'avenue Turnbull et l'approche de l'intersection avec l'avenue Honoré-Mercier.

Étienne Grandmont, directeur général d'ATV, est d'avis que la fluidité de la circulation ne serait pas affectée. Entre les avenues Salaberry et Turnbull, les voitures ont déjà accès à une seule voie sans que cela ne pose problème.

Plus proche d'Honoré-Mercier, des bouchons se forment souvent en raison des feux de circulation, qui laissent peu de temps au trafic pour s'écouler. Il est donc suggéré de conserver deux voies sur une distance de 60 mètres environ pour créer ce que M. Grandmont appelle un «réservoir» de 20 à 25 automobiles. C'est le nombre approximatif de véhicules pouvant espérer traverser l'intersection sur un feu vert qui dure seulement 26 secondes.

Stationnements sacrifiés

Sur cette portion, deux cases de stationnement sur rue avec horodateur et une zone de débarcadère devraient être sacrifiées. Ailleurs, pas de changement. L'espace récupéré aux automobiles permettrait d'aménager une voie cyclable dans chaque direction. Les vélos en direction du Vieux-

Québec rouleraient donc à droite, entre les autos en mouvement et celles garées en bordure de la rue. Les vélos en direction de Sainte-Foy circuleraient à contre-sens, à gauche, sur une piste surélevée pour plus de sécurité. «L'idée, c'est de bien séparer les usages», dit Étienne Grandmont.

La proposition a été présentée au comité de suivi du vélo boulevard (une appellation plus française est sur le point d'être approuvée) jeudi dernier. La Ville de Québec la considère suffisamment pour en évaluer la faisabilité technique et examiner les questions de sécurité.

Car il n'y a pas que des autos et des vélos qui circulent sur Saint-Jean, mais aussi des autobus, des camions de pompiers et des camions de livraison qui ont besoin d'espace, fait remarquer le conseiller municipal François Picard, responsable du dossier. «Je ne suis pas rendu à retrancher des voies de circulation», insiste-t-il, mais plutôt à prendre le pouls des principaux intéressés.

Pour 2013, les travaux seront concentrés dans la portion ouest du corridor cyclable. Les aménagements sur De Callières et Père-Marquette seront complétés. La section du collège Bellevue pourra aussi être développée après entente avec les religieuses de la congrégation Notre-Dame et le promoteur immobilier Norplex, propriétaires dans le secteur. La rue Hélène-Boullé et l'avenue Eymard seront ainsi reliées. Un réaménagement du parc Notre-Dame-de-Bellevue est prévu pour éviter que les usagers, principalement des familles et des aînés, se heurtent aux cyclistes en mouvement.

À l'est de Turnbull, seule la rue Saint-Amable sera la cible de travaux cet été. Il est question de marquage pour désigner l'espace réservé aux vélos.

Bientôt un nouveau nom

Un nouveau nom a été trouvé pour le vélo boulevard, appellation critiquée car il s'agit d'un calque de l'anglais bike boulevard. La Ville de Québec penche pour corridor cyclable, mais il reste à obtenir le feu vert des autorités linguistiques provinciales, soit l'Office québécois de la langue française (OQLF) et la Commission de toponymie du Québec.

«On attend encore un dédouanement», indique le vice-président du comité exécutif de la Ville de Québec, François Picard. Il n'est pas interdit que l'expression soit assortie d'un nom propre, de lieu ou de personne. «Ça va être français, c'est sûr, pas italien et pas anglais», lance M. Picard sur le ton de la rigolade, en référence aux excès de zèle des inspecteurs de l'OQLF dénoncés depuis des jours.